L’information des citoyens sur les risques naturels et technologiques est un droit codifié dans le code de l’environnement. Dans ce but, l’Etat met en ligne les cartes des Plans de prévention des risques (PPR) et propose, avec plus ou moins de succès, leur utilisation par des applications de cartographie interactive.

Site Web : http://cartorisque.prim.net/

Un site loin d’être exhaustif.

Les préfectures sont responsables de la mise en place des PPR qu’elles prescrivent puis approuvent sur leur territoire. Le site Cartorisque, géré par le Ministère de l’Ecologie, propose de centraliser ces données spatiales dans une application de cartographie interactive en ligne. Objectif réussit ?

Dès la première phrase de la page d’accueil de Cartorisque, le site indique qu’il est « la publication sur l’internet de l’ensemble des cartes des risques naturels et technologiques majeurs ». Si l’objectif est louable, l’affirmation est cependant loin de refléter la réalité des cartes disponibles, même si l’on ne s’en tient qu’aux seules cartes réglementaires de PPR.

Par exemple, pour beaucoup de villes soumises à des risques majeurs de premier ordre, aucune cartographie n’est disponible alors même qu’il y existe des PPR approuvés depuis plusieurs années et que leurs préfectures ont mis en ligne depuis longtemps ces cartes. De plus, dans certaines villes, la liste des PPR représentés n’est pas exhaustive. Par exemple pour la ville de Paris, si le zonage du PPR Inondation de la Seine est cartographié, ceux des mouvements de terrain liés aux cavités souterraines ne le sont pas.

Des périmètres de PPR bien localisés mais non détaillés

Cependant, est-ce que les périmètres de PPR représentés sur cartorisque correspondent bien aux cartes des PPR originaux ?

Si, dans cet article, nous ne pouvons prétendre passer en revue tous les PPR des communes intégrées dans cartorisques, nous avons pris un échantillon de 3 localités (Inondation de la Seine dans le Ier arrondissement de Paris, Inondation de la Seine à Saint-Ouen en Seine-Saint-Denis et Inondation de la Loire à Orléans). Sur ces 3 exemples, il en ressort que les périmètres réglementés du site cartorisque correspondent bien à ceux des zonages des PPR originaux. On regrettera cependant de ne pouvoir zoomer suffisamment pour bien identifier un bien immobilier ou une parcelle au regard de ces périmètres alors que les PPR originaux ne posent pas de problèmes sur ce point là.

Si nous étudions le cas du zonage du PPR Inondation d’Orléans approuvé (et non celui en cours de révision), nous nous rendons compte cependant que le détail des zonages du PPR original n’apparaît pas sur le site cartorisque. Or, celui-ci a une grande importance car il peut indiquer des hauteurs de crue ou une typologie d’aléa.

Zonage du PPR Inondation d'Orléans par le site cartorisque
Copie du PPR Inondation d'Orléans
Copie de la légende du PPR Inondation d'Orléans

Enfin, quid des délais de mises à jour des PPR originaux dans l’application cartorisque ? Sur Orléans par exemple, le PPR inondation est en cours de révision (aucune indication sur cartorisque), dans quel délai le site cartorisque intégrera t’il le nouveau zonage une fois celui-ci approuvé par la préfecture. Un engagement, ou au moins une indication, sur les délais maximums de mise à jour aurait été le bienvenu.

Conclusion

Les services du ministère de l’Ecologie sont passés à côté de l’essentiel : mettre à disposition des citoyens toutes les cartographies des PPR qui les concernent au sein d’une seule plateforme. Plutôt que de mettre en ligne les cartes géo-référencées des PPR dont le travail intéressant mais immense, entammé depuis bientôt 10 ans, ne pourrait pas voir le jour avant au moins quelques années, voir dizaines d’années pour un bon résultat, l’Etat aurait pu, plus simplement, se concentrer en priorité sur la mise en ligne de tous les scans des PPR originaux, accompagnés de leurs règlements.

Conseil

A cette date, nous conseillons aux internautes de se référer aux documents originaux ou à leurs scans de bonne résolution plutôt qu’au site Cartorisque.

On aime :
1/ La mise à disposition gratuite des fichiers cartographiques géo-référencés (WMS) pouvant être intégrés dans n’importe quel SIG ou toute autre application de cartographie interactive
2/ La justesse de localisation des périmètres de PPR sur le fond IGN
3/ La génération de cartes en PDF avec leurs légendes

On aime pas :
1/ Pour la très grande majorité des communes de France, l’absence des zonages réglementaires de PPR dans cette application
2/L’absence des scans ou fichiers pdf des PPR originaux et notamment le détail des zones qu’ils réglementent. Il y manque également les règlements et les notes de présentation.
3/ L’absence des dates des cartographies mises en ligne. Cela aurait pu permettre de savoir si les données cartographiques en ligne correspondent bien aux dernières cartographies de PPR existantes en mairie ou en préfecture.
4/ Les définitions trop succinctes des légendes et parfois illisibles.
5/ L’apparition dans la légende ou dans les thèmes d’autres PPR du département ne correspondant pas à la commune sélectionnée, nuisant ainsi à l’utilisation et l’interprétation de la carte
6/ L’absence de plan cadastral intégré et le niveau de zoom maximal choisi ne permettant pas vraiment de distinguer les immeubles, bâti ou non, et donc leur localisation au regard des périmètres de risques
7/Le non redimensionnement de la fenêtre de visualisation
8/ L’absence d’indication sur d’éventuels nouveaux périmètres de prescription de PPR
9/ L’incompatibilité avec les téléphones portables

La prochaine partie traitera de la qualité des systèmes de cartographies interactives sur les PPR proposés par les préfectures.

By Cédric Moro

Auteur du blog I-Resilience, je suis depuis plus de 20 ans au service de la prévention des risques majeurs, surtout en Europe et en Afrique. J'allie cette expertise avec mes compétences de développeur d'applications, passé par des grandes boites IT, pour vous écrire ici des articles aux croisements de ces deux mondes.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.